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Cineflower
30 août 2011

Habemus Papam (Nanni Moretti, 2011)

habemuspapam

         La communauté catholique est effervescence, la fumée blanche annonce la fin du conclave. L’élu s’apprête à se révéler à la foule quand il est pris d’une crise d’angoisse.

 

         Le pitch et l’identité du réalisateur annonçaient une charge anti-cléricale décalée et féroce. Nanni Moretti prend le contre-pied (1) en réalisant une douce comédie humaniste qui ne garde du religieux –presque – que le contexte. Rebelle aux institutions qui  conduisent à un formatage intellectuel – la psychanalyse en prend pour son grade lors d’échanges savoureux –, il oublie le piédestal des cardinaux qu’il croque au contraire avec tendresse ; leur humanité s’affiche dans un sourire au gré de leurs mesquineries dignes d’une cour de récréation.

 

         Mais là n’est pas le cœur intime de l’œuvre. Appelé à prendre la tête de cette assemblée, le héros subit de plein fouet une angoisse aussi soudaine que paralysante. La crise existentielle – ce n’est pas une crise de foi – qu’il doit alors traverser révèle la question sous-jacente fondamentale du métrage : comment (ré)concilier épanouissement individuel et destinée collective ? Peut-on s’épanouir en endossant des responsabilités qui nous dépassent ? Les autres semblent bien représenter une contrainte incompatible avec le développement personnel. Pour vivre heureux, vivons caché ? Non, pas forcément ; la voie qui séduit Melville n’est en effet pas propice à l’anonymat le plus protecteur. C’est davantage le poids des attentes des autres qui entraîne l’asphyxie.

 

habemuspapam1

         Dès lors, comment y survivre ? Par la légèreté et le jeu. Puisque faire semblant c’est déjà être, le jeu se révèle dans le film de Moretti comme central à l’existence, soupape nécessaire et universelle qu’activeront tous les cardinaux lors de match sportifs réjouissants. A défaut d’une moto, la grande évasion du Vatican se fera ballon en main.

 

         Le film était l’opportunité trop rare d’un riche premier rôle pour un âge qui ne s’en voit offrir que très peu. Michel Piccoli y est – évidemment – immense, aussi touchant dans ses doutes qu’animé d’une passion de jeune premier au contact de la scène. On n’oubliera pas de sitôt la sérénité retrouvée de son discours final. Que Dujardin – très convaincant au demeurant – lui ai soufflé la Palme a de quoi franchement intriguer. Rendons à César les mérites qu’on lui a volés : habemus palmam, Michel Piccoli.

 

(1) Il ne se montre quand même pas favorable à la religion, n’exagérons rien.

 

                  Ben Evans (D.W.: pas vu / B.E.: must see)

 

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