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Cineflower
9 novembre 2009

Là-Haut (Up, Pete Docter & Bob Peterson, 2009)

L__Haut            Là-Haut partait avec un handicap certain: essuyer les plâtres de la succession d'une des rares évidentes dates de l'histoire du cinéma, Wall-E. A trop vouloir en faire, beaucoup se seraient enfoncés dans cette cruelle injustice. Pas Pixar, pas Pete Docter, et pas Bob Peterson. Effectivement en retrait, le nouveau cru Pixar n'en est pas moins une nouvelle preuve étincelante de la supériorité des studios sur les autres productions animées occidentales actuelles. Cette histoire d'amitié entre un vieux grincheux et un jeune idéaliste parlera inévitablement à chacun.

            L'une des forces du studio, c'est de ne jamais se départir d'une sorte de simplicité, couplée d'une grande sincérité. Et ce, qu'ils imaginent les aventures d'un robot après l'apocalypse, ou qu'ils croquent la cohabitation d'un vieillard et d'un boyscout, ici. Pour faire intelligent, il ne faut pas forcément faire compliqué. Bien que repoussant toujours plus loin les limites des images de synthèse (1), ces œuvres n'en possèdent pas moins une âme artisanale, une odeur de carton-pâte. En ce sens, la référence éminemment drolatique à King Kong, dans Là-Haut, pourrait être anodine, elle paraît évidente. Pendant la première moitié, du moins.

            Car Là-Haut, qui commence par une symphonie muette bouleversante retraçant la vie commune de Carl et de sa moitié aujourd'hui décédée, souffre malheureusement d'une demi-heure centrale plus convenue, ampoulée de scories toutes disneyennes qui menacent de faire chavirer l'équilibre gracieux vers une machinerie efficace mais terriblement impersonnelle. Sous l'appareil, le cœur étouffe. Il est amusant de remarquer que c'est la partie terrestre de l'œuvre qui pèse et ennuie, un peu. Les poids de la maison aux grandes oreilles plombent pour un temps un film qui ne demande qu'à retrouver sa légèreté. Puis l'intrigue reprend le vent, et le spectateur de ressentir à nouveau l'ivresse de l'altitude et la magie des (h)auteurs. Le duel final, à coups de cannes et déambulateurs, vaut à lui seul le détour. La conclusion retrouve enfin l'émotion désarmante des débuts, laisse sans voix et appelle les mouchoirs. Toujours la même ritournelle. Pourtant, il serait peut-être bon de ne pas rester sur cette dernière impression d'une brillante réussite de plus. Car Là-Haut incarne aussi une mise en garde involontaire contre les dangers de la fusion avec la maison Disney. Croisons les doigts pour que la dépersonnalisation reste à l'état de menace.

(1) On notera d’ailleurs que pour la première fois ici, un film Pixar peut-être vu en 3D. Délicate, mature et immersive, son utilisation, qui n'en est qu'à ses balbutiements, ouvre de nouveaux horizons diablement excitants.

                                                                             Ben Evans (D.W.: pas vu / B.E.: must see)

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