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Cineflower
9 novembre 2009

Un Prophète (Jacques Audiard, 2009)

Un_Proph_te            Un demi-sel se fait pomer marron. Direction le placard, six piges sec. Isolé, entre corses et musulmans, le bleu devra choisir son camp. Ou pas. Le cave est malin. Le scénario du dernier Jacques Audiard, affichant comme à son habitude ses grosses valseuses et sa sueur crasse, ne surprend pas mais convainc en force (jusqu'à une jolie fin). Nourri à la bannière étoilée, il sacrifie tout réalisme à une écriture résolument télévisuelle. Ce n'est pas une critique, mais constitue surtout un effet de mode, The Dark Knight en étant un exemple éclatant. Trop généreuse, en rythme comme en rebondissements, parfois un peu maladroite (l'un entraîne l'autre), la soupe reste plus que digeste mais n'en conserve pas moins quelques poils. Inutile d'y chercher quelque point de vue documentaire sur le gnouf. Surtout pas. Dans le fond, Un Prophète, c'est de l'efficace, du carré, du brutal. L'utilisation de la musique est à l'unisson.

            La forme, c'est autre chose. Le cinéaste poursuit la mue engagée avec De Battre Mon Cœur s'est Arrêté. Une orientation de plus en plus formaliste, où seuls certains effets de style plus ou moins récurrents de l'œuvre du metteur en scène résistent à un allongement des séquences et une tendance à une certaine épure (*). Le résultat se veut, avec plus ou moins de succès suivant les scènes, choc, viscéral, coup-de-poing. On notera en particulier une belle scène de fusillade, ainsi que d'intenses face-à-faces entre le géant Niels Arestrup et l'épatant Tahar Rahim. Sûr de son fait, le film se permet des sorties de route plus ou moins heureuses. De drôles digressions qui régénèrent à des incursions dans le fantastique qui déconcertent. Qu'importe. A l’instar de son héros, Jacques Audiard impose à son univers burné un grand écart maîtrisé : un pied aux USA, l’autre en France. Et même pas mal aux couilles. On apprécie la souplesse, tout en gardant une petite préférence bienveillante pour le plus subtil et poignant Sur Mes Lèvres. Par chauvinisme. Ou pas.

(*) On regrettera aussi quelques séquences de montage "clippesque" assez malvenu.

                                                                         Ben Evans (D.W.: must see / B.E.: must see)

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