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Cineflower
10 octobre 2008

Ghost in the Shell & Ghost in the Shell 2 : Innocence (Kokaku Kidotai & Inosensu : Kôkaku kidôtai , Mamoru Oshii, 1995 & 2003)

ghost_in_the_shell            On ne dissociera volontairement pas les 2 volets du diptyque ici. Tant les deux, d'une perfection égale et inégalée, s'alimentent, se complètent, se répondent à merveille pour former le grand Tout. Une seule chose à retenir: Ghost in the Shell, l’œuvre (1&2 donc), s'impose avec une aisance déconcertante comme le plus grand film de science-fiction de tous les temps. Et c'est encore mieux que cela.

            Qui / Que sommes-nous? Où allons-nous? Mamoru Oshii prolonge les questionnements métaphysiques de Métropolis, 2001, Blade Runner (la référence la plus évidente à la vue du film) en une alternance d'actions dantesques, de respirations oniriques et de conversations existentielles. Au son d'une partition tétanisante de Kenji Kawaï (l'une des plus belles de l’histoire du cinéma), il nous ouvre une porte sur le vide et nous projette dans l'infini. Ghost in the Shell est une œuvre qui nous dépasse totalement, tout en étant la plus intime qui soit. Un voyage d'une beauté infinie en nous et en l'humain. Jamais vertige ne fut plus stimulant.

ghost_in_the_shell_2__innocence            Le premier volet aborde la part d'humanité qui subsiste dans ces robots, le ghost, la conscience de soi. C'est ce qui rend les cyborgs parfaits. Motoko doute. Elle se sait entre l'homme et le robot. Ni l'un ni l'autre, elle n'est rien. Ou alors un être nouveau? Notre futur? Est-elle seulement vivante? Les programmes prennent vie, la technologie prend vie et échappe au contrôle humain. Dès lors, ce qui différencie humains et robots, et que recherche le puppet master, c'est la reproduction. Ghost in the Shell ouvre des portes infinies, auxquelles on ne sait que répondre. On croit en saisir des clés que déjà le film nous échappe. Il n'ouvre des pistes que pour en découvrir une multitude d'autres, laisser le champ à quantité d'interprétations. Car évidemment, le futur ne peut être prédit avec certitude. Le second opus, qui prend par moments des allures de cauchemar, renverse le problème: et si le problème de ces robots, c'était justement leur ghost? Et si c'était ce défaut, cette imperfection qui était à la base des problèmes de ce monde? Car ces robots, désormais affranchis et libres, ne seraient-ils pas parfaits sans ce "résidu" humain? Les citations énoncées résonnent comme des questionnements métaphysiques universels au plus profond de nous. On pourrait craindre le pensum, mais Ghost in the Shell prend l’apparence un divertissement exaltant. A la fois thriller politique, action-movie, drame, romance et film de science-fiction, l’œuvre transcende tous les genres qu’elle fait mine d’approcher. Jamais elle ne sacrifie la rétine ou l’oreille au profit de son parfum existentiel à nous serrer les viscères.

            Ressentir notre être. Le nœud gordien des deux films est d’ailleurs avant tout bien là: arriver à nous faire appréhender et ressentir notre ghost à travers les yeux de héros animés. Mais là où les questionnements métaphysiques de 2001 étaient avant tout intellectuels (si l'odyssée se laisse ressentir, la question de l'homme ne se laisse appréhender que par l'analyse), Oshii, tel un Alexandre moderne, réussit l'exploit de nous faire ressentir aux tripes ces questions fondamentales. C’est un cas unique dans l’histoire du 7ème Art. Jamais regard ne fut plus vivant que celui de Motoko. On se sent tout petit devant Ghost in the Shell. C'est aussi bouleversant qu'abyssal. Et c'est beau à en pleurer. De maelstrom d'émotions en dédale de sensations, Ghost in the Shell interroge notre essence, notre qualité, notre valeur, notre vie. FON-DA-MEN-TAL.

                                                                 Ben Evans (D.W. : indispensable / B.E. : vital)

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