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Cineflower
10 octobre 2008

Old Boy (Park Chan-Wook, 2004)

old_boy            Ce silence ne saurait mentir. La sortie d’une projection d'Old Boy s’apparente à la marche funèbre de zombies blêmes, sans voix, la gorge nouée et le regard dans le vide. Un défilé aussi impressionnant que carrément flippant.

            Avec son deuxième volet de sa trilogie sur la vengeance (après l'excellent Sympathy for Mister Vengeance), Park Chan-Wook, virtuose de la caméra, abandonne l'épure et la retenue du premier opus, bien décidé à lâcher les cheveux. Et c’est un miracle. Car autant la maestria technique du bonhomme tournera à vide à partir de son film suivant, Lady Vengeance, (1) autant TOUTES ses audaces ici, et elles sont nombreuses, au montage comme à la caméra, ne font que refléter avec une intensité ahurissante le tohu-bohu intérieur ces personnages torturés et bigger-than-life. La mise en scène explose en un tourbillon baroque, mais paradoxalement profondément humain donc traumatisant et bouleversant au-delà des mots. Les comédiens arrivent à faire passer ces tourments intérieurs qui finissent par éclater au grand jour, l’immense Choi Min-Sikh et et la fraîche Kang Hye-Jeong livrent des performances extraordinaires. Puzzle machiavélique vertigineux, enfilant les scènes choc comme des perles (ex: l’avalage de poulpes, immédiatement culte), Old Boy arrache les viscères et nous plonge dans sa folie démentielle. Les plaies béantes des personnages nous explosent à la figure lors de scènes finales bouleversantes et existentielles, parmi les plus marquantes du cinéma. Si Old Boy nous arrache les tripes, nous retourne l'estomac, nous émeut aux larmes, c'est parce qu'il évite tout manichéisme; parce que les cris du cœur y sont les plus déchirants qui soient; parce qu’il questionne avec violence la morale et l’éducation, l’individu et le monde ; parce qu'il nous parle à tous, personnellement, de notre droit de vivre et d'aimer, de notre aspiration à vivre et à aimer. Thriller délétère et éprouvante tragédie, Old Boy laisse lessivé d’avoir pris en plein cœur un concentré intense de cinéma, donc de vie (ou l’inverse) et laisse une impression peut-être semblable à (j'ose! ) Phantom of the Paradise en son temps: excessif et humain, noir, furieux, drôle (si, si… à de rares moments), âpre, romantique, terrassant, bouleversant, en tout point indispensable. Chef-d'œuvre absolu.

(1) Il souffrira alors du malheureux syndrome de Palma (post-80): le genre de vacuité qui, bien qu’affichant un souci esthétique constant, nous en touche une sans balancer l’autre.

                                                                          Ben Evans (D.W. : vital / B.E. : vital)

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