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Cineflower
5 octobre 2008

Wall-E (Wall-E, Andrew Stanton, 2008)

wall_e                Doit-on s'en étonner? Andrew Stanton a encore fait mieux. Mieux que John Lasseter. Mieux que Brad Bird et ses inoubliables indestructibles. Mieux que son propre monde de Nemo, déjà ébouriffant. Il nous livre le film Pixar le plus épuré et le plus ambitieux. Le plus simple et le plus profond. Le plus adulte. Le plus magnifique. Car c'est bien sa splendeur visuelle qui nous frappe au premier, quand se dévoilent les fabuleuses tours "Césariennes" de la Terre du futur. Sublime vision d'une apocalypse poétique, arrangée de la main artificielle d'un petit robot irrésistible. Wall-E apparaît, craquant dès la première seconde. L'anthropomorphisme est réduit au strict minimum, pourtant l'empathie est immédiate. La maladresse de l'adorable automate nous amuse, sa solitude nous étreint. On pense à Chaplin, à Keaton, à Tati, à ces héros burlesques d'une humanité sans fin. (1) L'espoir d'un avenir plus radieux naît avec la venue d'un nouvel androïde, Eve, un nom riche de promesses et de significations. La découverte de l'autre laisse rapidement la place aux balbutiements de la romance la plus attendrissante qui soit. Le couple qui se forme entre ce laissé-pour-compte par une humanité qui a déserté, et une machine futuriste, peut bien s'apprécier comme un duo de survivants, il apparaît surtout comme le couple fondateur d'une ère nouvelle. La vision de la fin de l'humanité se confond avec celle de sa naissance. L'histoire est un éternel recommencement, paraît-il. On commence alors à se douter de quelque chose. Le départ de l'aimée entraîne notre héros dans une folle aventure aux confins de l'univers. La mise en scène puissante du décollage n'a rien à envier aux meilleurs blockbusters hollywoodiens. (2) Le vol qui suit est d'une grâce médusante. L'impression se fait désormais plus vivace. La seconde partie du métrage, un poil en-deçà de la première, montre une humanité amorphe, capricieuse et futile. Le trait est un peu forcé, mais le portrait sonne juste. Comme un signal d'alarme. La toile s'est étendue, le tout-virtuel a assis son règne. Plus de responsabilité (3), plus de souci. Décontenancé et perdu dans ces temps trop modernes pour lui, notre pataud petit charlot retrouve pourtant sa belle à force d'abnégation et de courage. Leur réunion sera célébrée lors de la scène la plus délicate de l'année, une merveilleuse scène de danse en apesanteur. C'est d'une pureté absolue. Le vide intersidéral n'avait jamais été si séduisant. C'est la chrysalide, notre impression se mue maintenant en certitude. Les courses-poursuite impressionnent la rétine, les multiples références au chef-d'œuvre de la science-fiction de Kubrick passionnent (dont une utilisation hilarante de la musique), mais la suite du film ne retrouve ensuite que rarement la magie de ce climax hors du temps. Peu importe, notre certitude demeure. On laisse le film des comètes plein les yeux, à l'instar de notre petit robot. On repense alors avec enchantement à cette scène de ballet d'un autre monde. Cette scène où cette certitude est née, où l'on a réalisé que Pixar avait atteint des cimes que l'on pensait réservées à Miyazaki, celles de l'émotion originelle et virginale (argh, l'envol éthéré de Totoro...). Et que, avant même Wall-E, le chef-d'œuvre éponyme avait déjà trouvé sa place, au firmament du 7ème Art. Quelque part entre les films Ghibli et 2001. Entre le cœur et les étoiles.

(1) D'autant que la première partie du métrage est quasi-muette.
(2) De toute manière, dans tout le film, elle est presque à l'unisson de la beauté parfaite des images. Ce n'est pas peu dire.
(3) Vis-à-vis de soi-même, des autres comme de l'environnement.

                                                                              

  Ben Evans (D.W.: pas vu / B.E.: indispensable)

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