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Cineflower
11 mai 2009

Harvey Milk (Milk, Gus Van Sant, 2009)

harvey_milk            Harvey Milk est galvanisant à plus d'un titre. Après quelques années d'escapade (retraite?) expérimentale et légèrement marloupine (1), GVS revient à un certain classicisme pour adapter à l'écran le combat de ce militant presque malgré lui. Qu'on soit bien clair, classicisme et académisme ne sont pas toujours en ménage, et le nouveau cru est infiniment supérieur à la période hollywoodienne pré-Gerry marquée par exemple par l'emblématique Will Hunting (2). Harvey Milk témoigne au contraire d'un savoir-faire et d'une sérénité qui pourraient en faire l'œuvre de la maturité pour le cinéaste. Sûr de son fait et de ses effets, ce dernier articule autour d'une narration on-ne-peut-plus traditionnelle une réalisation discrète mais polymorphe et stimulante. Ne cédant pas à la facilité d'uniquement se reposer  sur ses comédiens formidables - le quartet Penn / Franco / Hirsch / Brolin est véritablement épatant -, le metteur en scène impressionne par l'atmosphère qu'il arrive à créer. Légère, nébuleuse et ouatée, celle-ci remplit à merveille le double dessein qu'on pouvait lui assigner: retranscrire cet élan de liberté qui souffla avec l'affirmation publique des préférences sexuelles des gays de l'Amérique des années 70; et, paradoxalement, extraire le film de son époque particulière pour en faire un drame universel et intemporel. Ou quand la petite histoire devient la grande. En en faisant un drame plus général donc plus proche que l'histoire particulière qu'elle fut au départ, cette délocalisation spatiale et temporelle, rendue possible par la seule force de la mise en scène, contribue ainsi beaucoup à l'émotion d'une œuvre débordant d'humanité par tous les pores. C'était hier, mais c'est encore aujourd'hui.

(1) Je n'en démords pas, les emprunts au cinéma de Dieu (et de Chantal Akerman, tant qu'on y est) dépassent la simple inspiration. Même s'il faut reconnaître, d'une part, que Gus Van Sant n'a jamais caché ses influences. Et d'autre part, que les oeuvres de Béla Tarr sont parmi les plus marquantes qui soient.

(2) Engouement qui reste l'un des plus obscurs mystères de la fin du siècle dernier.

                                                                       Ben Evans (D.W.: must see / B.E.: must see)

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