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Cineflower
11 octobre 2008

Le Narcisse Noir (Black Narcissus, Michael Powell & Emerci Pressburger, 1947)

le_narcisse_noir            Voir Narcisse et mourir. Sans peur de céder au dithyrambe coutumier, prenons un risque mesuré: affirmons sans ambages que Le Narcisse Noir est le plus beau film du monde. (1) C'est du jamais vu. Les décors peints sur verre, la lumière et la photographie de Jack "Dieu le Père" Cardiff sont à tomber par terre. Les paysages sont d'une précision, d'une clarté, on en perd son latin. C'est sublissime au-delà des mots. C'est comme si le duo avait inventé le Technicolor. Il y a un avant et un après Le Narcisse Noir. Et, au moins le temps du film, on se plaît à penser que les deux ne valent que peu de choses. Tout est là, devant nous, dans ce ballet de couleurs, merveilleuses et fondamentales, révélant et exacerbant à elles seules les drames intimes du long-métrage. L'expressionnisme du cinéma dans ce qu'il a de plus flamboyant, qui parle aux sens avant de parler à la raison. Qui n'a jamais vu Le Narcisse Noir n'a jamais vu de rouge. Celui du sang et de la passion, de la folie et de la mort, de l'appétit et de la tentation, de l'érotisme et de la pulsion, sans conteste le plus beau rouge du cinéma.

            Et dire que c'est un film tourné en studio! Quelle plus belle preuve de foi en le cinéma et de pouvoir de celui-ci pourrait-on imaginer? Tout est expérimentation, mais pourtant tout est, déjà, accomplissement d'une perfection inégalée. A l'unisson des couleurs, la partition sonore réinvente sans aucun souci de réalisme. Elle remue et éveille. Le Narcisse Noir est un film éminemment physique. La sensualité et l'érotisme y transpirent à chaque seconde. Les pulsions y naissent et y accouchent, le désir le dispute au refoulé dans une bataille d'un rouge sanglant. Asphyxiées dans les hauteurs de cette forteresse spirituelle, sœur Ruth et sœur Clodagh vivent chacune le drame de l'exotisme et de la solitude. Le risque de chute est omniprésent. C'est vraiment peu dire que de crier que Kathleen Byron et Deborah Kerr sont admirables dans ces deux rôles. Elles font éternellement partie de la mythologie vivante du 7ème Art. Au même titre que, sinon le film entier, du moins leur confrontation finale. Photo, son, cadrage, montage... ou une certaine idée d'un idéal de cinéma.

(1) Je parle ici de critères purement esthétiques… au moins.

                                                                  Ben Evans (D.W. : vital / B.E. : vital)

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