Time and Tide (Seunlau ngaklau , Tsui Hark, 2001)

            Tsui Hark revient aux affaires après une escapade américaine d’un intérêt discutable. Frustré, pas content, décidé à en remontrer à tout le monde d'une nouvelle grosse baffe dans la gueule. Violente et implacable. Ce sera Time and Tide. Sûrement pas le meilleur film de son auteur, The Blade risquant  de rester indétrônable, Time and Tide n'en reste pas moins le film d'action le plus stimulant de la décennie avec Legend of Zu, l'autre film du génie sorti en 2001. Huit ans après, aucun film du genre n'a approché l'inventivité de ces deux œuvres hors-normes. C'était hier, mais c'était déjà demain, et ça l'est toujours. Time and Tide représente un défi insoluble pour tous les autres metteurs en scène d'action, relégués au rang de cancres et de dinosaures depuis l'arrivée du grand Tsui Hark. Sa caméra s'insère, descend, virevolte, défie autant les lois de la gravité que celles de la logique, brandissant un doigt narquois à la face de poursuivants définitivement lâchés. Le réalisateur ose toutes les audaces narratives, toutes les trouvailles visuelles et monte une œuvre en forme de grand-huit sensitif. Il impose une icône pop-rock en immédiate figure badass, et donne à son film les atours mythologiques de la Genèse, tout en ridiculisant au passage celui qu'on veut présenter comme son rival HK, pauvre John Woo. Les seules scènes d'action pouvant rivaliser avec celles de Time and Tide sont à piocher chez d'autres œuvres du cinéaste. Excessif et jouissif, le tourbillon emporte tout esprit critique, imposant comme d'authentiques morceaux de bravoure ou d'émotion des scènes que le ridicule aurait facilement vaincu chez n'importe quel autre metteur en scène. Une fois de plus, chez Tsui Hark, même le niais se fait légendaire.

                                                     Ben Evans (D.W. : must see / B.E. : indispensable)