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Cineflower
10 octobre 2008

Le Soleil (Solntse , Alexandre Sokourov, 2006)

le_soleil            Le Soleil - l'empereur Hirohito était considéré comme le descendant du dieu soleil - narre la fin de son propre déclin. Son éclat n'irradie pas / plus ses compatriotes, il les a au contraire menés à leur perte. Evoquant les derniers jours au pouvoir de l'empereur, le cinéaste russe use de lumières mornes et enfumées qui rappellent autant la sépia de l'Histoire que la tombée définitive du jour. Il fait de son protagoniste un petit être chétif et maladroit, un corps burlesque nageant dans un costume trop grand pour lui. Un nouveau Charlot, pathétique et tout-puissant. Vision d’abord troublante quand on en vient à éprouver de la sympathie et de la compassion pour cet être que l’on imaginerait davantage en incarnation d’une certaine idée du Mal, à l’instar (mais dans une moindre mesure) du dictateur évoqué précédemment dans la filmographie du metteur en scène (Hitler dans Moloch). Vision enfin aussi ironique qu'effrayante que celle de ces doigts frêles et gauches contenant dans leurs paumes les destinées de toute une nation (au moins). Le Hirohito de Sokourov est un pantin complètement dépassé par les évènements, comme par son statut. La pression et une prise de conscience tardive l'amèneront à renoncer à cette ascendance divine. La scène, climax du film, ou qui en tout cas aurait dû l'être, affiche pourtant la même distance froide qui parcourt tout le long-métrage. Au fond, peu importe cette décision tardive, elle était inéluctable. Tout empereur qu'il soit, Hirohito apparaît comme impuissant. Il est l'esclave de son peuple et des américains - qui n'hésitent pas à le railler - comme il est le pion de l'Histoire. En éludant l'action et en se concentrant sur l'incapacité des puissants à contrecarrer la marche du monde, Sokourov ne met finalement en scène rien de moins que l'Histoire comme Dessein.

                                                    Ben Evans (D.W. : pas vu / B.E. : indispensable)

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