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Cineflower
5 octobre 2008

Ploy (Ploy, Pen-Ek Ratanaruang, 2008)

ploy                Pen-Ek Ratanaruang ou le temps suspendu. Comme pour Last Life in the Universe, le réalisateur thaïlandais fait d'un récit intimiste (l'intrigue est encore plus ténue ici) une délicate bulle en apesanteur. Un film timide, qui s'excuserait presque d'être aussi brillant. A la sophistication parfois glacée d'un Wong Kar-Wai, par exemple, le cinéaste oppose ici le raffinement le plus pudique. Un raffinement et une élégance qu'on ne trouve que dans cette partie du monde actuellement, la plus rafraîchissante qui soit (et cinéma en plein essor, porté par Ratanaruang et l'imprononçable Apichatpong Weerasethakul). Et pourtant, il y a quelque chose d'intensément charnel dans son cinéma. Dans sa prodigieuse attention aux objets, dans sa photographie d'un érotisme glacé, dans les caresses de sa caméra. Bercé dans cette atmosphère feutrée, tout n'est que non-dits, effleurements, sensations. Ploy est aussi excitant et apaisant qu'un massage. Que ce soit dans l'intrigue principale, qui voit l'intrusion plus ou moins involontaire d'une adolescente dans la chambre d'un couple menacé d'érosion, ou dans les ébats auxquels s'adonnent deux employés de l'hôtel en question. Ratanaruang entremêle ces deux histoires parallèles habilement, avec douceur, sans donner à aucun moment l'impression gênante de délaisser l'un ou l'autre des partis. Mais plutôt d'assister à deux peintures complémentaires de la relation amoureuse. Petit à petit, par la grâce du montage, le climat vaporeux se fait presque fantastique, arrivant à créer une incertitude délicieusement coupable. Le metteur en scène, adepte du mélange des genres, complexifie encore le tout dans une dernière partie plus déroutante en y ajoutant une dose ténue de thriller. Refusant d'expliciter son propos pour ne concentrer que les sensations, le film se termine comme il s'est tissé, entre deux états, entre joie et mélancolie, entre rêve et réalité. La plongée en eaux troubles se prolonge ainsi après la vision. Ploy est la caméra sensuelle de l'année.

                                                                                Ben Evans (D.W.: pas vu / B.E.: indispensable)

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