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Cineflower
26 septembre 2010

Poetry (Lee Chang-Dong, 2010)

poetry            Après Mother et Lola, force est de constater que le cinéma asiatique est décidé cette année à ausculter les réactions de ses matriarches face à l'impensable et aux crimes (supposés) de leurs descendances. L'un des torts de Poetry apparaît alors ici, injuste mais bien réel: celui de sortir (dans les salles françaises) après les deux films auxquels il renvoie involontairement. Car au jeu des comparaisons, il sort malheureusement grand perdant.

            La faiblesse première de l'œuvre se révèle dès l'écriture du scénario, pourtant récompensé cette année sur la Croisette; accumulant les détails sordides, pas forcément tous indispensable au mélo qu'il cherche à mettre en place, il montre une tendance désagréable au racolage. Une tendance masquée ça et là par la roublardise de la narration, qui n'empêche cependant pas  l'amertume de l'ensemble. Visiblement peu inspiré, Lee Chan-Dong manifeste surtout le souci de ne pas en rajouter et couler le navire, optant pour une mise en scène maladroite et fébrile collant au plus près au point de vue de son héroïne. C'est véritablement par la légèreté et la grâce décalée de cette grand-mère, nouvelle victime d'Alzheimer, que le film s'en sort. Cela donne à Poetry ses plus beaux instants, de la confrontation avec la mère de la défunte aux parties nocturnes de babington. Mais la maladie sert aussi de béquille scénaristique un peu balourde et systématique à d'autres, comme la première réunion avec les autres parents d'élèves fautifs. Le film navigue ainsi entre deux eaux, un peu bâtard, entre tristesse du monde et candeur de l'oubli, mais aussi entre personnages remarquables et d'autres esquissés grossièrement. La fin, plutôt jolie mais attendue, viendra conforter ce sentiment ambivalent inconfortable, celui d'un beau gâchis. Ce petit brun de femme méritait, à tous les égards (1), bien mieux que ce marasme quelque peu nauséabond.

(1) dans l'espace filmique comme dans la réalisation            

                                                  Ben Evans (D.W. : indispensable / B.E. : why not?)

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