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Cineflower
5 octobre 2008

Le Labyrinthe de Pan (El Laberinto del Fauno, Benicio del Toro, 2006)

pan                           Le Labyrinthe de Pan est terriblement frustrant. C'est juste un (très) bon film, alors que ses qualités plastiques laissaient augurer tellement plus. Croisement improbable presque parfaitement réussi entre drame historique et conte enfantin, Le Labyrinthe de Pan est avant tout un festival pour les mirettes (essentiellement lors de sa partie fantastique); si le seul maquillage de Pan peut en effet gêner, le reste est un enchantement permanent, un véritable festin visuel. Evoquant autant les rêveries littéraires d'Alice au Pays des Merveilles, que le fabuleux voyage initiatique de Chihiro, le tout profondément nimbé de mythologie (au-delà du bestiaire, on y trouve également notamment de fortes références chrétiennes, comme le péché originel), l'aventure fantastique que vit Ofelia est avant tout un exutoire illusoire et désespéré, une sorte d'évasion très "Brazilienne". Le premier hic de l'oeuvre apparaît alors évident, c'est de rester dans l'ombre de toutes ces œuvres, certes imposantes, auxquelles il fait allusion (volontairement ou non): c'est bien, mais moins. On préfère quand même suivre les pérégrinations d'Alice, Chihiro, Sam Lowry, ou encore Ana et Mei (1).

                            De plus, là où le film de Terry Gilliam ne se laissait pas anticiper, on a toujours un temps d'avance sur le récit de Guillermo del Toro, chaque étape est prévisible en fonction de la ou des précédentes, rien ne nous surprend véritablement; le film en perd naturellement de son impact émotionnel, écart que la magnificence des images, le jeu (dans l'ensemble bon) des acteurs et la superbe B.O. n'arrivent pas à combler complètement. Bien sûr, certaine tension apparaît ici et là (comme avec le monstre dévoreur), tout comme le dégoût voire l'horreur (la scène de couture, miam), mais c'est tout, on n'est pas aussi exsangue que l'on aurait dû être devant l'histoire principale, ce drame qui est pourtant dans le fond si touchant. De même, certains messages auraient gagné à être assénés avec davantage de finesse, comme la ritournelle qui découle du parallèle entre le monde réel et celui imaginaire (les monstres ne sont pas ceux que l'on croit, blablabla). Preuve supplémentaire de la difficulté d'opérer ce croisement entre deux genres antinomiques. On en ressort donc un peu déçu (surtout en regard de la réputation qui précède l'œuvre), tout en conservant en tête pour de bon la magie de certaines images (la transformation de l'insecte en fée, le passage à travers la porte dessinée à la craie, l'apport de la mandragore). C'est déjà beaucoup. Mais...

 

 (1) Les héroïnes respectives de Cria Cuervos et Mon Voisin Totoro.

                                                                                       


                                                                            Ben Evans (D.W.: must see / B.E.: why not?)

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